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Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/167

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et le jeta sur le pavé. L’empereur ne put qu’avoir les plus vives inquiétudes pour le cadeau qu’il avait reçu. Mais l’autre ramassa le vase, qui n’était que bossué. Tirant alors un petit marteau de sa ceinture, il le répara tranquillement, comme s’il eût été d’airain. Après ce beau chef-d’œuvre il pensait que l’Olympe allait s’ouvrir devant lui quand César lui dit : « Quelque autre que toi connaît-il la recette de ce verre ? Réfléchis bien à ta réponse ! — Personne, répondit l’artisan. Immédiatement, César lui fit trancher la tête, dans la crainte que son secret divulgué ne fît de l’or un métal vil[1].

LII. OU TRIMALCION SE RÉVÈLE AMATEUR DE VASES D’ARGENT ET DE DANSES OBSCÈNES

« Pour moi, je suis grand amateur des bibelots d’argent. J’ai des coupes de ce métal qui contiennent environ une urne, plus ou moins ; j’ai Cassandre égorgeant ses enfants, et les pauvres petits sont là étendus morts, qu’on croirait que c’est vivant. J’ai mille aiguières que Mys, le grand orfèvre, a léguées à mon patron : on y voit Dédale enfermant Niobé dans le cheval de Troie. J’ai aussi sur des coupes le combat d’Herméros et de Pétracte[2]. Toutes

    la formule. Il ignore qu’Annibal était mort depuis une cinquantaine d’années lors de la prise de Corinthe et n’hésite même pas à en faire un contemporain de la guerre de Troie.

  1. Cette histoire, avec quelques variantes, se trouve dans Pline (liv. XXXVI, ch. 26), dans Dion (liv. LVII) et dans Isidore (liv. XVI, ch. 15). Trimalcion veut être un brillant causeur, mais ne régale ses invités que d’anecdotes que tous sans doute connaissent déjà.
  2. Voulant faire preuve d’érudition, Trimalcion accumule trois bévues l’une sur l’autre. Herméros et Pétracte nous sont parfaitement inconnus : peut-être Trimalcion veut-il parler du combat d’Hector et de Patrocle.