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Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/199

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donné un repas public et deux deniers d’or à chaque convive. Vous y mettrez, si vous voulez, des festins ; vous y mettrez tout le peuple se livrant au plaisir. A ma droite vous placerez la statue de ma Fortunata, tenant une colombe et conduisant en laisse une petite chienne, puis mon cher Cicaron[1], puis des amphores amples, bien bouchées, tenant bien le vin, enfin une urne brisée, sur laquelle un enfant versera des pleurs. Au milieu il faut un cadran solaire, pour que quiconque regarde l’heure, bon gré, mal gré, lise mon nom. Et quant à l’inscription, examinez avec soin si celle-ci vous semble convenable :

POMPEIUS TRIMALCION
DIGNE ÉMULE DE MÉCÈNE
REPOSE EN CES LIEUX.
EN SON ABSENCE, LE TITRE DE SÉVIR LUI FUT DÉCERNÉ
ALORS QU’IL POUVAIT TENIR SON RANG DANS TOUTES LES
DÉCURIES DE ROME,
IL REFUSA CET HONNEUR.
PIEUX, VAILLANT, FIDÈLE,
SORTI DE RIEN,
IL A LAISSÉ TRENTE MILLIONS DE SESTERCES.
IL N’A JAMAIS ASSISTÉ AUX LEÇONS DES PHILOSOPHES,
O PASSANT, ET T’EN SOUHAITE AUTANT.

LXXII. OU LE CHIEN FAIT BONNE GARDE

Ayant dit, Trimalcion se mit à pleurer abondamment ; Fortunata pleurait aussi, Habinnas également, et pareillement toute la valetaille, qui, comme si elle se croyait

  1. Terme d’amitié réservé aux enfants : Mon petit poulet. — Il s’agit ici du mignon.