Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/223

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« Il n’est entreprise si difficile dont une persévérance obstinée ne vienne à bout. Pendant qu’il dit : « Je vais réveiller mon père », j’arrive à me faufiler dans le lit et, à un adversaire qui se défend sans conviction, j’arrache le plaisir qu’il me refusait.

« Mais lui, plutôt séduit par mon effronterie, se plaint d’abord longuement d’avoir été trompé, bafoué, d’avoir été la fable de ses camarades, auxquel s’il avait vanté ma générosité : « Vous allez voir, me dit-il, que je ne suis pas comme vous : si cela vous plaît, vous pouvez recommencer. » Tout fut donc oublié, et, rentré en grâce auprès de ce charmant garçon, je m’empressai d’user de la permission, après quoi je tombai dans un profond sommeil.

« Mais une récidive simple ne contenta pas cet éphèbe déjà mûr pour l’amour et que l’ardeur de la jeunesse rendait impatient. Il me tira donc de mon sommeil : « Eh quoi ! dit-il, vous ne demandez plus rien !… » Je n’étais pas fourbu au point que sa proposition pût me déplaire. Me voilà donc suant et soufflant qui m’évertue à lui donner satisfaction ; après quoi, las de jouir, je repris mon somme.

« Mais une heure ne s’était pas écoulée qu’il se met à me pincer en disant : « Pourquoi pas encore une fois ? » Alors moi, trop souvent réveillé, je lui réponds, furieux, en lui resservant ses propres menaces : « Dors donc, ou je dis tout à ton père ! »

LXXXVIII. OU EUMOLPE ÉTABLIT QUE L’IMMORALITÉ EST L’UNIQUE CAUSE DE LA DÉCADENCE DES ARTS

Ragaillardi par ce récit, j’interrogeai ce vieillard, plus instruit que moi, sur l’époque dé tous ces tableaux et sur le sujet de ceux que je ne comprenais pas bien. Je lui