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Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/274

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pétuel, vous courez tout droit à la fortune. Car dans cette ville les lettres ne sont pas en honneur, on ne fait aucun cas de l’éloquence la tempérance et les bonnes mœurs n’y assurent ni estime, ni profit, mais, sachez-le bien, tous les hommes que vous rencontrerez se divisent en deux partis. Ils captent des testaments ou ils en font.

« Là, personne n’a d’enfants quiconque en effet a des héritiers n’est admis ni aux festins, ni aux spectacles, mais, privé de tous les agréments de l’existence, il est relégué avec la crapule, tandis que ceux qui n’ont jamais pris femme et qui n'ont pas de proches parents parviennent aux plus hautes dignités : eux seuls ont des talents militaires ; eux seuls ont du courage eux seuls sont vertueux. Cette ville vous paraîtra une de ces campagnes ravagées par la peste, où l’on ne voit que cadavres déchirés et corbeaux qui les déchirent. »

CXVII. PLAN DE CAMPAGNE

Eumolpe, toujours avisé, n’eut aucune peine à s’assimiler ces notions nouvelles et nous avoua que cette manière de s’enrichir n’était pas pour lui déplaire. Je crus d’abord que, par une fantaisie de poète, le vieillard voulait plaisanter, mais il déclara : « Plût au Ciel que je dispose d’un plus ample outillage, je veux dire d’habits plus élégants, pour donner plus de poids à mes mensonges. Certes, j’enverrais bien vite promener cette besace et je vous conduirais tout droit aux plus brillantes destinées. »

Je lui promis immédiatement, pourvu qu’il me mît de moitié dans sa volerie, tout ce qu’il voudrait : la robe d’Isis et tout le butin que nous avions fait dans le pillage de la villa de Lycurgue : car la mère des dieux ne saurait