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Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/316

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d’Afrique ton argent et tes esclaves n’arrive pas. Déjà épuisés, les captateurs d’héritages restreignent leurs libéralités. Donc, ou je me trompe fort, ou la Fortune commence à se lasser des faveurs dont elle nous a comblés tous trois. »

CXLI. OU EUMOLPE PÉRIT, VICTIME DE SON HUMEUR BADINE ET FRONDEUSE

‘ « J’ai trouvé, dit Eumolpe, un bon moyen de tenir en haleine nos coureurs d’héritages. » Et tirant son testament d’un sac, il nous lut ses dernières volontés : ’ « Tous ceux qui sont couchés sur mon testament, à l’exception de mes affranchis, ne pourront toucher ce que je leur laisse qu’à la condition, après avoir préalablement coupé mon corps en morceaux, de le manger en présence du peuple assemblé. Pour qu’ils ne s’effrayent pas plus qu’il ne convient, qu’ils sachent que c’est une coutume observée chez certains peuples de faire manger les défunts par leurs proches[1], et cela est si vrai que l’on conjure souvent les moribonds de se hâter d’en finir pour ne point trop gâter leur viande. Ceci pour encourager mes amis à ne pas me refuser ce que je demande, mais à déguster ma chair avec un zèle égal à celui avec lequel ils souhaitent. le départ de mon âme pour le royaume des ombres. »

‘ Tandis qu’il nous lisait les premiers chapitres, quelques-uns de nos captateurs les plus zélés entrèrent dans

  1. On a voulu voir dans ce passage une allusion à la Cène des chrétiens, comme dans la substitution de cadavres de la Matrone d’Ephèse une allusion à la Passion du Christ, comme dans le chant du coq du Banquet, une allusion à saint Pierre. Tout cela est forcé. Pétrone n’a pu railler le christianisme : il l’ignorait.