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Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/34

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L'ŒUVRE DE PÉTRONE

à lui reprocher ses infamies et jusqu’à l’impureté même de son souffle.

« Ascylte ne laisse pas d’être instruit : le roman le suppose assez lettré pour pouvoir tirer une ressource de ses connaissances et gagner sa vie, en donnant quelques leçons à des jeunes gens. C’était en partie le désir de se perfectionner dans cet exercice qui l’avait poussé et déterminé à se lier si étroitement avec Encolpe, plus avancé que lui dans ce genre d’étude, mais tout au plus son égal en fait de débauche, de malice et de friponnerie. Toutefois, il n’avait point gratuitement obtenu de participer à des instructions qui devaient lui devenir profitables, et, au milieu d’un verger (c’est lui-même qui, dans la chaleur d’un violent débat, en fait le reproche à son maître), Ascylte avait été forcé de se soumettre aux mêmes complaisances qu’Encolpe exigeait habituellement du tendre Giton : c’est ainsi qu’il était devenu pour lui un second frère.

« Dans une pareille association, l’argent devait souvent manquer ; aussi, les trois amis (comme on peut s’exprimer, en parlant ici une langue assortie) faisaient-ils flèche de tout bois. Pour être admis à de bons repas, il ne leur répugnait point de faire habituellement le métier de flatteurs et de parasites. Et comme dans une très grande ville, telle que celle où évidemment doit être le lieu de la scène, pour toutes les aventures détaillées dans la portion qui nous reste du roman, il ne manque jamais d’y avoir de ces riches vaniteux, qui se piquent d’aimer les lettres, qui se mêlent de les cultiver plutôt par air que par goût réel, qui même se croient de bonne foi du talent, et rassemblent volontiers des auditeurs disposés à louer leurs compositions, Encolpe et, sans doute à son exemple, ses deux camarades n’épargnaient point les applaudissements à tout amateur dont la prétention au mérite littéraire était appuyée d’une table bien garnie.

« Il paraît que, au moment où les prennent nos frag-