Aller au contenu

Page:Petrone - Satyricon, trad. de langle, 1923.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mes dédains, son amour se tourna en rage sauvage. Acharnée à me suivre, elle ne tarda pas à découvrir mon double commerce avec nos hôtes. La passion du mari pour moi ne la gênait guère : elle la dédaigna. Mais elle s’en prit aux furtives amours de Doris.

Elle les révèle à Lycas. La jalousie triomphant de l’amour, il court à la vengeance. Mais Doris, prévenue par une servante de Tryphène, pour détourner l’orage, suspend notre secrète intimité.

Dès que j’eus compris tout cela, maudissant cette perfide Tryphène et ce Lycas au cœur ingrat, je pris le parti de filer. La fortune me fut favorable. La veille, justement, le navire sacré d’Isis, riche butin, avait fait naufrage sur les rochers voisins. Je tins donc conseil avec Giton, qui se mit facilement d’accord avec moi, parce que Tryphène, l’ayant vidé jusqu’à la moelle, semblait le négliger.

De grand matin donc nous partons à la mer et nous montons à bord sans difficulté, d’autant plus que les gardiens, employés de Lycas, nous connaissaient. Mais comme pour nous faire les honneurs, ils nous suivaient partout et qu’en conséquence il n’y avait moyen de faire main basse sur rien, leur laissant Giton, je m’éclipse à propos, me faufile jusqu’à la poupe, où était la statue d’Isis, que je dépouille d’une robe précieuse et d’un sistre en argent, puis, ayant fait aussi quelque butin dans la cabine du capitaine, je me laisse glisser discrètement le long d’un câble, sans que personne, sauf Giton, m’ait remarqué. Il ne tarda pas à se débarrasser de ses gardes et, sans attirer l’attention, vint me rejoindre. Du plus loin que je le vois je lui montre ma récolte et nous décidons d’aller dare-dare trouver Ascylte.

Mais nous ne pûmes arriver chez Lycurgue que le lendemain. En abordant Ascylte, je lui racontai nos larcins