Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/180

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Je le regrette comme un fils,
je le regrette comme un vrai frère ;
car c’était un fusil meilleur que tous les autres,
il portait bonheur et tuait bien, —
je ne le nettoyais jamais,
il était toujours net comme un miroir,
parmi mille autres fusils
tu aurais reconnu son coup quand il éclatait.
Et je suis venu vers toi, évêque,
sur la mer il y a toutes sortes d’ouvriers :
pourront-ils ressouder mon fusil ?


ÉVÊQUE DANILO


Noir Vouk, relève tes moustaches,
que je voie tes tokés sur ta poitrine,
pour que j’y compte les balles des fusils,
par combien de balles tes tokés furent-elles brisées ?
Tu ne peux lever la tête morte d’un tombeau,
tu ne peux raccommoder un djéferdar cassé.
Que ta tête soit fière sur tes épaules,
tu trouveras un autre fusil,
car dans les mains de Mandouchitch-vouk,
tout fusil sera meurtrier !


(L’évêque Danilo se lève et donne à Mandouchitch de sa chambre un bon djéferdar.)