Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/74

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Quoique le pays soit assez étroit
deux religions peuvent s’y accorder,
comme dans un plat les sauces s’accordent.
Vivons comme nous l’avons fait jusqu’ici, en frères,
il ne nous faut pas d’autre amitié.


KNEZ YANKO


Oui, Turcs, mais cela ne se peut pas ;
notre amitié est risible !
Nos yeux se rencontrent mal,
ils ne peuvent pas se regarder fraternellement,
mais en ennemis, avec sauvagerie ;
les yeux expriment, malgré tout, ce que le cœur pense.


VOUK MANDOUCHITCH


Regardez, amis, quel beau sarouk[1] !
Où l’as-tu acheté, aga, par ta foi ?


ARSLAN-AGA MOUHADINOVITCH


Je ne l’ai pas acheté, Vouk,
mais le vizir m’en a fait cadeau
quand j’ai été à Travnik[2], cet été.

  1. Sarouk ou sarek, coiffure turque entourée d’un châle de grand prix.
  2. Une ville de Bosnie.