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Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/78

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l’envoyé du tzar de toute la terre, —
porte à votre connaissance, notables et évêque,
le tzar des tzars m’a envoyé,
pour visiter tous ces pays,
pour voir comment la terre est gouvernée,
pour voir si les loups ne mangent pas trop de viande,
si une brebis ne cache pas
sa toison quelque part le long de la route ;
pour que je coupe ce qui est trop long,
pour que je vide ce qui est trop plein,
pour que je voie les dents de la jeunesse,
que la rose ne se perde pas dans les ronces,
que la perle ne périsse pas dans les ordures,
que je resserre les rênes de la raïa[1],
car la raïa est pareille aux autres animaux.
J’ai entendu parler de vos montagnes,
la famille sainte du Prophète
sait reconnaître le prix de la vaillance :
les hommes mentent quand ils disent
que le lion a peur si peu que ce soit d’une souris.
Toi, évêque, et vous, les principaux serdars,
venez vers moi, sous ma tente, en vue du tzar,
pour recevoir mes cadeaux,
et continuez à vivre comme jusqu’à présent.

  1. Raïa, nom que les Turcs donnent à la population serbe par mépris.