Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/90

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VOUK MANDOUCHITCH


Est-ce un diable ou sont-ce des magies
ou quelque chose de pire que tout cela ?
quand je la vois rire, si jeune,
le monde tourne autour de ma tête.
J’aurais pu oublier tout encore,
mais le diable m’amena un soir
et je passai la nuit dans la cabane des Milonitch.
Avant l’aube, la nuit était claire,
le feu flambait au milieu de la prairie,
elle vint de quelque côté
et s’assit près du feu pour se chauffer ;
elle entendit que tout le monde dormait dans la cabane,
alors elle défit ses nattes.
Ses cheveux tombèrent jusqu’à sa ceinture,
elle peignait ainsi ses cheveux,
en même temps que d’une voix mélodieuse elle pleurait
comme un rossignol sur la branche de chêne.
Si jeune, elle pleure son beau-frère André,
le fils aîné du ban Milonitch,
tué l’année dernière
par les Turcs à Douga, passage sanglant ;
le beau-père n’a pas laissé sa bru se couper ses cheveux :
il regrettait plus les nattes de sa bru
que la tête de son fils André.