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LA NATURE.


II
LA NATURE ET LE PAYSAGE


Ce fut seulement à partir de 1851 que la réforme du paysage prit une allure franche et décidée. Jusque-là, elle n’avait guère consisté qu’en modifications de facture ou de composition d’assez médiocre importance. Aligny avait cherché l’ampleur et la simplicité des lignes plus que ne faisait l’école traditionnelle. Corot avait tâché d’atteindre à l’expression en rendant naïvement les effets qu’il avait observés en Italie, et malgré d’évidentes maladresses d’exécution, il y avait parfois réussi. Mais il n’y avait au fond aucune différence entre le principe qui les dirigeait tous deux et celui qui servait de guide aux partisans des doctrines classiques et orthodoxes.

Un changement de méthode plus ou moins timide dans la pratique de l’art ne pouvait suffire aux paysagistes de l’école révolutionnaire. Ceux-ci voulaient une transformation complète, radicale, en rapport avec celle que les événements, le progrès en toutes choses avaient apportée dans les idées et les sentiments de la nouvelle génération. D’accord sur ce point, tous épris de la nature, ils ne comprenaient cependant pas tous le paysage de la même façon.