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LES PEINTRES CHINOIS


la soie, une préparation à la colle d’alun, ils devenaient, pour ainsi dire, indestructibles.

Sur ces soies ou ces papiers, on peint au moyen du pinceau et de l’encre de Chine en y faisant intervenir la couleur d’une manière plus ou moins abondante ou restreinte. Les pinceaux sont de différents types ; chaque position du pinceau correspond à une nature particulière du trait, incisif et précis, ou bien tremblé, élargi, l’encre s’étalant entaches puissantes, ou se dégradant en teintes subtiles. Les couleurs sont simples, d’origine minérale ou végétale ; les peintres chinois ont toujours évité, autant que possible, de les mélanger. Ils ont tiré de la malachite plusieurs nuances de vert ; du cinabre ou sulfure de mercure, plusieurs rouges. Ils ont su aussi triturer du mercure, du soufre et de la potasse pour en faire un vermillon. Du peroxyde de mercure, ils ont tiré des poudres colorantes qui vont du rouge brique au jaune orange. Sous les T’ang, ils ont porphyrisé le corail pour obtenir un rouge spécial, tandis qu’ils retiraient leur blanc de la calcinât ion des coquilles d’huîtres. À ce blanc de chaux, ils ont substitué ensuite le blanc de plomb, ou céruse. Ils ont retiré des laques carminées de la garance, des jaunes du jus du rotin, des bleus de l’indigo. Il faut ajouter à cela les nuances diverses de l’encre de Chine et, enfin, l’usage de l’or en feuilles ou en poudre.

Le coup de pinceau prend, dans la peinture de l’Extrême-Orient, une valeur exceptionnelle. Il n’en pouvait être autrement si l’on songe que le caractère de l’écriture