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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/189

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gatienne

embaumaient soudain par coups subits du vent qui passait. Tandis que l’âpre ferment de l’engrais donnait à la terre mouillée le fumet violent qui semble résulter des ardeurs de son excitation féconde.

Gatienne s’en allait, pressée, cherchant Matta sous les arbres à fruits où on la dénichait souvent ; et elle parcourait les allées bordées de plantes aromatiques, thym, lavande, sadrée, estragon, romarin, frôlant de sa robe leurs feuilles odorantes et s’imprégnant de leur parfum.

Tout à coup elle s’arrêta, gênée par l’attitude du jardinier qu’elle venait d’apercevoir, à peu de distance, allongé sur un banc, les mains sous sa tête, la pipe aux lèvres. La petite fumée blanche montait doucement par flots réguliers. Jacques savourait un far niente rempli de volupté : sa face béate s’étalait comme une pivoine rose largement épanouie, et son ventre de gros garçon, bombé comme un dôme, attendait patiemment le soleil.

La douceur de Gatienne la rendait timide pour réprimander les gens qui la servaient. Elle allait retourner sans bruit, lorsque Matta déboucha