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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/246

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gatienne

son corps. Son regard glissa terrible sur Robert et se fixa dans le vague.

Elle s’était assise sur la banquette du milieu, un peu à gauche. Elle se tenait enveloppée dans son châle de dentelle blanche, dont la pointe lui retombait sur le front, ombrant son visage.

Fabrice, qui ramait, lui faisait face, et aussi à Robert assis sur la banquette du fond.

Un canot, entraîné par trois rameurs, passa près d’eux, fila et les laissa loin. Là dedans une fille chantait, coiffée d’un béret de canotier ; sa voix les éclaboussa, criarde, puis se perdit après quelques notes aiguës. On entendit encore le pépiement doux des oiseaux qui s’endormaient, puis le clapotement du remous contre le talus et la tombée régulière de l’eau balayée par les rames.

Alors, dans la langueur rêveuse de ce murmure, Robert commença :

— Voilà une soirée diantrement amoureuse et qui vous donne des envies… d’être marié.

Fabrice répliqua joyeusement :

— Mariez-vous donc, comme dit Pantagruel à Panurge.