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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/60

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gatienne

ne s’enfermait pas, se croyant à l’abri d’une surprise. Grand’mère, en partant, laissait la clef sur la porte pour ne pas la déranger.

— Allons, étudie, fillette ; vocalise tout à ton aise ; je sauve mes oreilles.

Et la jeune fille s’étourdissait à chanter ; elle noyait ses tristesses dans l’ivresse de sa voix un peu étrange, profonde et vibrante, d’une sonorité métallique. Jusqu’ici, cette voix magnifique, d’un contralto puissant, avait manqué d’expression.

— Cela viendra, ricanait la vieille cabotine qui lui donnait des leçons : cela vient aux jeunes filles, comme l’esprit. Elle aura même des notes passionnées d’un éclat vibrant et superbe.

— Où voyez-vous cela ? interrogeait mademoiselle Prieur.

Et l’ancienne chanteuse, clignant un œil, répondait :

— Dans ses yeux.

Robert, arrêté derrière la porte, écoutait, surpris.

Une explosion de colère et de douleur grondait dans la voix de la jeune fille, qui parcourait des