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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/128

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il me poussa doucement dans l’angle du mur essayant de me faire une barrière de ses bras.

Je ne m’attendais pas à ce mouvement ; j’eus peur et le repoussai presque rudement.

— Oh ! me dit-il, avec tristesse, vous ne m’aimez donc pas !…

Je répondis :

— Quand je vous aimerais ? Est-ce une raison pour ?…

— Pour vous demander une preuve d’affection ?… oui, j’ai cru que vous ne me la refuseriez pas. Oh ! je vous en supplie !

Il me prit aux épaules, et je me débattis.

— Lâchez-moi !…

Lui, les dents serrées :

— Non. Il y a trop longtemps… Sylvère ! Sylvère… ayez pitié !… Je vous adore !…

— Eh bien ! laissez-moi, si vous m’aimez comme vous le dites.

— Oh ! la logique des femmes ! Mais c’est parce que je vous aime, et follement, que je ne veux pas, que je ne peux pas m’éloigner de vous. Vous ne comprenez donc pas que votre contact me rend fou !… Sylvère !… A travers la voilette seulement, votre front, comme un ami, un frère, et je vous laisse, je le jure !…

J’aurais pu, j’aurais dû, peut-être, tendre mon front, et me rendre libre. Sait-on d’où vient l’irritant entêtement d’une femme ? Je refusai.

Mais je n’eus pas achevé « non », en détournant la tête, que je sentis sur mon cou l’offense brutale de son baiser.

Car je me trouvai réellement offensée par la violence de cette étreinte, par la morsure de ces lèvres