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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/15

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Un roman qui serait comme une vue prise, non sur l’extériorité d’une créature, mais sur ce qui fut la manifestation de son être, ses actes et ses heurts dans un milieu spécial.

Et ce roman, le mien, ce tableau vraiment déroulé du haut en bas, ce serait, après les brèves aurores, le commencement des enfers qui se poursuivraient avec la vision vertigineuse des spirales fuyantes sur lesquelles, tour à tour passerait, en des attitudes diverses, la suppliciée, dont une légende, issant de la bouche ouverte, crierait l’état précis des mortelles douleurs ; jusqu’à l’avant-dernière marche, sur laquelle, arrêtée, elle clamerait, dans le rictus des béatitudes, le mot des prochaines délivrances : Enfin !

Et cette fresque, on la ferait peindre dans le parloir des pensions de filles, afin que toutes, désormais, apprenant à filer de la laine et à coudre le lin, se trouvent avoir, au jour des infortunes, un métier dans les doigts, et qu’elles s’écartent avec horreur de cet art d’inventer et d’écrire qui ne saurait, si elles sont pauvres et sans appui dans le monde, que les condamner à vivre, bafouées et humiliées, ou bien déshonorées et vendues, ou bien martyrisées jusqu’à la mort.

— Votre programme m’effraie. Je demande la liberté de la mise en scène.

— Comme il vous plaira ; mais je vous connais, vous dramatiserez.

— Quand cela serait ?

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