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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/156

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— Et après ? C’est de bonne guerre. Ils demandent tout ; on promet quelque chose, et on ne donne rien. Le volé, c’est eux !

— Je n’aime pas les voleurs.

— Moi non plus… quand c’est moi que l’on vole. Mais, au jeu de l’amour, il est permis de tricher. Je t’apprendrai quand tu voudras.

— Merci.

— Ce n’est pas plus difficile que le bonneteau.

— Ni plus délicat.

— On montre le cœur, n’est-ce pas ? Puis on dit : il est ici, il est là, il passe… Le joueur se précipite, étend la main. Perdu ! Le cœur n’y est plus : il est à côté. Et l’on recommence.

— Et si le joueur, furieux, se jette sur… la mise ?

— Ça, c’est la chance à courir, mais elle est rare… Généralement le volé va se faire achever plus loin. Il y a toujours, à portée, quelque belle amie qui propose la consolation.

— Et ça t’amuse, toi, ces parties-là ?

— Peuh ! ça fait passer le temps. On en a beaucoup à perdre entre les heures brèves des réels bonheurs !…

— Il me semble que, si j’étais réellement heureuse, tout mon temps serait pris.

— On dit cela, et quand on y est !

— Comment le sais-tu ?

Mme de Bléry, après un léger frisson :

— Moi ? par ouï-dire. D’ailleurs, j’ai follement aimé Robert, avant notre mariage et pendant trois mois après.

Sylvère, curieuse :

— Et maintenant ?

— Maintenant ? Voyons, que me demandes-tu ? Précise.