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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/161

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— Faut pas me dire ça, vous me feriez tout lâcher. Si je l’aime !… Ah ! ben !… je l’ai vu naître, vous savez !… Et ça me fend le cœur de voir une brave petite créature comme celle-là, si fragile de santé, qui travaille jour et nuit sur ses maudits papiers, sans pouvoir tant seulement arriver à gagner sa pauvre vie !…

— Que dites-vous ? Sylvère ?… Des privations, peut-être !…

— Si ce n’était que cela !

— Mais parlez donc ! voyons ! la situation, tout de suite.

— Tant pis, la v’là, en quatre paroles. Vous savez peut-être que m’sieur Turmal lui avait commandé une machine, quoi !…

— Un roman, oui ; il l’a refusé, après ?

— Ben, après, M. de Labut l’a reçu ce roman ; et voilà près de quatre mois qu’il lanterne, sans dire ni oui ni non. Il demande toujours que madame refasse quelque chose, ce qui lui tourne le sang à chaque fois ; et puis c’est pas encore ça, et il va, il vient. Et pour finir nous n’ayons plus d’argent, depuis longtemps déjà… Madame a vendu tous ses bijoux. C’est que nous avons la petite là-bas, sans compter l’autre… qui demande toujours quelque chose. Le bon Dieu n’en veut donc pas de celui-là !…

Paul Ruper réfléchit un moment, puis se rapprochant de Janie.

— Ecoutez. Vous inventerez quelque histoire des gens de chez vous, un héritage, ce que vous voudrez, et vous prêterez de l’argent à votre maîtresse. Elle ne vous refusera pas, vous, et…

— Bien ; mais où que je le prendrai, moi, cet argent ?

Paul Ruper tira son portefeuille et l’ouvrit.

— Ah ! mais non, cria presque Janie. Faut pas de