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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/186

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— Je vous en prie, ne changez rien à mon régime, cela me gênerait.

De Labut se mordit les lèvres, et son front plissé devint terrible. Le maître d’hôtel avait fixé ses yeux à terre et ne bronchait pas.

Le feu pétillait ; Sylvère en approcha le bout de sa bottine. De Labut s’éloigna. Un marmottement maussade à l’homme qui attendait, et celui-ci sortit ; puis rentrant aussitôt :

— Et le vin ? demanda-t-il.

— Du Moët, répondit Labut, sans consulter, cette fois.

Quand le maître d’hôtel fut sorti, il revint à Sylvère en disant :

— Si vous ne mangez pas, vous buvez un peu, je suppose, et le champagne…

— Mais je ne bois que de l’eau ! interrompit Sylvère du ton le plus sincère qu’elle put trouver.

Elle mentait ; mais une peur atroce l’incitait à ne manger ni boire, en cette circonstance.

— Parfait ! exclama de Labut, pâlissant de colère.

Et, grossier, il commença :

— Ce n’était pas la peine…

Tournant vers lui son regard triste, elle l’arrêta en murmurant de ses lèvres toutes blanches, qui s’écartaient dans un navrant sourire :

— Mais nous sommes venus pour causer, n’est-ce pas ?

Il hésita, laissant peser sur elle un regard lourd ; puis, se contraignant à une attitude polie :

— C’est juste. Causons.

— Vous n’enlevez pas votre chapeau ?

— Oh ! il me gêne si peu !

— Vous serez plus à l’aise, permettez.

Et il la décoiffa d’un geste prompt, accoutumé. Ses