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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/201

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Marchant près d’elle et profitant du hasard des rencontres pour l’effleurer, il lui parlait bas, derrière le cou, décochant des phrases brûlantes qui devaient allumer ses sens rétifs, soupirant des appels d’amour et s’emballant si bien qu’il en devenait très pâle. Son œil flambait et il se rendait malade d’amour. Véritablement sa suggestion se retournait contre lui.

Enfin Sylvère lui échappa, rouge de colère, et retrouvant Paul, elle s’accrocha à son bras :

— Emmenez-moi, lui dit-elle, j’en ai assez !

Il la regarda très près, vaguement souriant, et répondit :

— Pas encore ! Maintenant que vous me revenez, je vous garde.

— Non, je m’ennuie à pleurer, je veux partir.

— Ce n’est pas de l’ennui, reprit du même ton Paul Ruper, c’est de l’énervement.

— Soit ! mais je veux m’en aller !…

— On dirait que vous avez peur.

— Peur ?

— Votre belle et froide impassibilité se serait-elle troublée, au contact de tant d’amoureux trop hardis ?

— Ah ! Dieu non !

— N’en jurez pas, vous êtes toute mouvante ; et le diable est bien fin !…

— Mais puisque je veux partir !… Si le jeu me plaisait, je resterais.

— Vous resteriez bien mieux s’il vous était indifférent. Une femme qui se sauve avoue sa faiblesse.

— Eh bien, soit ! restons.

— Et valsons ?

— Valsons.

Il la prit, un peu frissonnante, il est vrai, et com-