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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/25

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j’en appelais à ces sentiments, je le priais, je le suppliais de faire pour moi, de bonne amitié, ce qu’il m’offrait à d’inacceptables conditions. Et il promettait des merveilles, une série de pièces, un article-réclame pour mon prochain livre, en première page du Figaro. Et il chiffrait tout cela chez mon éditeur. C’était admirable, j’étais sauvée ! J’évitais donc de le froisser. En le repoussant, je plaidais ma cause, j’essayais d’émouvoir, d’éveiller une pitié, chez ce faux sentimental, cet hypocrite défenseur des opprimés… Bien vainement. Il devenait grossier, je fus brutale. Et le combat cessa. Alors, furieux et cynique, il ricana :

— Je vois ce que c’est, vous devez n’aimer que les femmes.

Je le souffletai.

Il ajouta, sans se troubler :

— Comme cette marquise qui me repoussait et que je surpris, un jour, enfermée avec une amie. Elle était à ses genoux et…

O maître ! j’entendis tout au long l’ignoble phrase avant que d’avoir pu m’enfuir ! Violer, en paroles, la pudeur d'une femme n’est-ce pas comme si on la souillait ? C’est un sadisme secret dont plus d’un se délecte, d’ailleurs.

— Le maladroit ! murmura d’Harssay. Ah ! ma pauvre enfant, comme vous auriez mieux fait de rester dans vos landes, parmi vos bruyères et vos genêts. Vous ne serez jamais une Parisienne, une vraie, une Parisienne de derrière l’éventail. Si vous saviez comme je vous plains ! mais il y a tant de votre faute !

— Encore !…

— Toujours, ma belle.

— Eh bien, je m’en irai.

— Non, je vous en défie.