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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/273

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grande Sylvère, notre gloire à nous autres, femmes de lettres… Ne vous inquiétez donc pas de tous ces bavardages. Alix Deschamps est là pour donner du bec en votre honneur. Et d’aucuns savent que ce bec est dur, parfois !

— Je vous remercie, madame, balbutia enfin Mme du Parclet, assourdie et étourdie par ce flot de paroles diverses. Mais, si j’aime à connaître mes amis, il me plaît aussi de savoir quels sont les gens qui me blessent.

— A quoi bon ? Laissons tout cela ! J’ai eu tort de vous croire et de me laisser entraîner, moi qui ne puis souffrir les sots bavardages !

— Je vous en prie, rendez-moi ce service, bien sérieusement. Ces propos, en connaissez-vous la source ?

— Vous y tenez ?… Enfant ! Pour l’un d’eux, du moins, je sais qu’il a été tenu chez Mme Lagé. Un employé de la Revue des Universités a raconté là une certaine visite que vous aviez faite au patron avant la publication de votre roman. Or, il paraîtrait que vous ayant vu entrer par les bureaux, il ne vous avait aperçue, que beaucoup plus tard, sortir par une certaine petite porte… Le même individu ajoutait que le patron n’avait pas caché, ce jour-là, suffisamment, la joie de cette bonne fortune. Et cette mauvaise Mme Lagé répétait triomphalement : « Là ! je m’en doutais, je m’en doutais ! L’avais-je dit ? »

Sylvère, redevenue fort pâle, et de grosses larmes roulant sous ses cils, murmurait simplement :

— C’est une infamie !…

Puis, secouant tristement la tête, elle reprit avec quelque héroïsme :

— Ensuite ?

— Oh ! pour le coup, ma petite, vous ne me ferez pas dire un mot de plus. Je suis trop faible avec vous.