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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/275

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D’ailleurs, sans transition, elle passa à un autre ordre d’idées.

— Vous travaillez beaucoup, en ce moment ?

— Comme toujours.

— Je veux dire : avez-vous quelque chose de prêt ? C’est que je sais un de mes amis qui publierait volontiers un roman de vous.

Mme du Parclet la regarda, un peu anxieuse, tout de suite ramenée à son habituelle et douloureuse préoccupation.

— Ah ! vraiment, dit-elle.

— Rien de plus facile, ma chère, si cela vous plaît. Voulez-vous que j’arrange l’affaire ?

— Mais très volontiers.

— Bon ! Alors tout de suite : il ne faut jamais traîner en ces occasions-là. Il y a tant de gens à l’affût !

— Certes !

— Et vous savez comme cela s’enlève. Tel a un roman reçu, avec paroles échangées, et qui se croit au moment de passer ; mais, à la dernière heure, un autre survient, se pousse, fait donner la camaraderie influente, bêche un peu celui qu’il veut supplanter, et le tour est joué : il passe. Il faut demeurer sur la brèche, l’arme au bras, sac au dos.

— Vilaine bataille, murmura Sylvère.

— Eh ! c’est partout la même. Allez donc voir ce qui se passe dans les ministères et dans toutes les administrations ; tout ce qui se tripote pour les avancements. Et l’œuvre des femmes dans tout cela ! Ils ne sont pas tant à blâmer ceux qui dispensent les faveurs et que l’on harcèle ! Demandez-leur des renseignements sur la moralité des solliciteuses, en général, et vous aurez de quoi faire un beau roman,