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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/278

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D’ailleurs, elle avait un chagrin : Paul n’était pas venu depuis toute une semaine, et il s’était excusé par un mot assez bref. Toutefois, il avait annoncé sa visite pour le lendemain, dans la soirée.

Sylvère pensa qu’elle aurait la joie de lui apprendre la bonne nouvelle qui se confirmerait au déjeuner chez Alix Deschamps.

Et cependant cette joie, qu’elle voulait se donner, n’était pas sincère. Une oppression l’étouffait encore, comme lorsqu’un orage s’abaisse lentement, et raréfie l’air. Une angoisse indéfinie l’énervait.

Elle éprouvait, comme pour l’orage, cette sensation d’impatience qui fait dire :

— Va-t-il éclater, enfin !




Au moment où l’on ouvrait la porte, Mme Deschamps qui guettait, ayant aperçu Sylvère, se sauva, chercha sa femme de chambre, lui remit un télégramme et dit :

— Dès que Mme du Parclet sera entrée, courez au bureau.

La jeune fille sourit, familière et accoutumée aux manœuvres mystérieuses.

Et l’on introduisit Mme du Parclet.

Alix, en robe rouge, au collet droit passementé d’or, se présenta, trop pâle d’un invraisemblable désespoir.

— Est-ce peu de chance ? criait-elle en lui tendant les deux mains.

— Quoi donc ? demanda Sylvère, déjà mal disposée, et que cet accueil impressionna.

— Vous n’avez pas reçu ma dépêche ? Il est vrai que je vous l’ai adressée par un scrupule de conscience, uniquement, car j’aurais été désolée si vous n’étiez