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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/312

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— Quoi ? Paul aurait pu croire ? Mais puisque je n’ai plus remis les pieds chez Labut, voyons ! Si cela était, qui m’empêcherait d’envahir la Revue. Tu vois bien que ce propos absurde ne tient pas debout.

— Pour nous, certes ! Mais pas pour le monde ni pour les hommes, qui sont bien aises de te faire payer tes rebuffades.

— Alors, tu dis : Paul ?…

— Il a douté, vraisemblablement. Toutefois, il était touché. Il est clair que cela lui donnait à réfléchir, et que la pensée du mariage, surtout de ce mariage lointain, lui devenait pénible. Prendre ta défense ouvertement : à ce moment, cela t’aurait compromise…

— Oh ! Je le suis complétement par lui. Alix Deschamps m’a dit cela aussi.

— Et par d’autres, hélas !

— Qui encore ?

— José de Meyrac, par exemple !

— Lui ?… Et puis ?

— Ah ! laissons cela, tiens ! le monde est ignoble !

— Eh bien, vrai ! tu sais ? ce n’est pas de chance ! Aussi bien, aurais-je mieux fait, puisqu’on le croit…

— Non, Sylvère, tout cela est affreusement triste. Mais ta pure conscience est en paix, ne le regrette pas.

— Peuh ! fit légèrement Mme du Parclet, en regardant rêveusement le plafond.

— Je veux dire, reprit Mme de Bléry, que tu ne saurais regretter ces dégoûtants compromis qui font que la plupart des femmes artistes se livrent aux hommes dont elles dépendent par leur métier. Ces malheureuses sont à plaindre plus qu’à blâmer, surtout celles qui sont propres, qui aiment leur art, qui ont du talent, de l’avenir ; car toutes les portes leur seraient impitoyablement fermées si elles s’avisaient de refuser