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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/325

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communiqua soudain, depuis la porte béante, jusqu’aux galeries d’en haut où l’on s’entassait ; et une femme parut, seule.

Elle était vraiment saisissante d’allure hautaine, en dépit de l’exiguïté de sa taille. Arrêtée sur le seuil, elle attendait. Une immense traîne blanche et brochée d’or tombait du bas de ses épaules, comme un manteau de cour et prolongeait, en l’effilant encore, sa silhouette fine, au buste raide. Sa tête se haussait, coiffée d’une aigrette étincelante. Du corsage, très décolleté, émergeait la nudité radieuse des épaules impeccables, de la poitrine superbe, de la gorge cerclée d’or comme une coupe précieuse. Les bras, grêles et purs, pendaient, rigides. Sur toute cette blancheur, d’un invraisemblable éclat, quelques taches rouges saignaient qui évoquaient une apparition tragique. C’était, aux lèvres, une tache pourpre, aux joues de violentes couches de fard, et, sur la gauche du corsage, une poignée d’œillets.

Avant même que Baringer ne se fût élancé, les premiers qui l’avaient aperçue avaient murmuré :

— C’est elle !

Et Mme de Bléry, défaillante, s’appuyant à Octave Brelley, avait répété dans un gémissement :

— Oh ! c’est elle !

Maintenant le colonel s’avançait lentement, souriant, demi-penché vers la femme qu’il conduisait à la marquise, surprise.

Naïvement celle-ci murmura :

— Mais je ne la connais pas !

Alors, derrière elle, une voix, trop haute, lui jeta :

— C’est la romancière, Sylvère du Parclet !

La marquise se retourna : Mme Auber de Vernon riait et continuait :