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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/343

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Cela vient, je crois, de ce que je n’ai pris, aujourd’hui, aucune nourriture. L’idée ne m’en est pas venue. Si je pouvais devenir très malade et en mourir !

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Mourir ! Il va falloir se décider pourtant !

Sous l’auvent de ma croisée, des hirondelles se becquettent. Une bonne chaleur vivifiante pénètre, tout embaumée des roses d’un jardin, à côté !…

Je ferme la fenêtre.

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Huit heures. Non, décidément, je n’irai pas au couvent, retrouver notre amie Emmeline, la sainte mère Louis de Gonzague ! Je ne suis plus assez pure de pensées, de désirs, de sensations rêvées, pour aller m’endormir dans le petit lit blanc des novices. L’encens me ferait défaillir. Je me tordrais les bras en entendant chanter l’âme adorante des orgues.

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Je viens d’examiner le petit revolver qui demeurait toujours sur ma table, il est un peu rouillé. La batterie marche cependant, avec quelque effort, le barillet tourne bien. Mais comme mes doigts tremblent ! si j’allais me manquer !… ce serait bien douloureux ! Et grotesque donc !

C’est d’un bête, d’ailleurs, ce dramatique-là ! Mon esthétique en est révoltée. Et pourtant !

Dieu ! que je souffre !… Oh ! cette solitude, ce rien, ce vide qui m’entourent… Et cette faim de tout qui arde mon être maintenant !…

Voyons, Sylvère, ne sois pas lâche. Prends garde ! Si tu ne t’enfuis pas, tout de suite, si tu te laisses reprendre par la vie, cette pieuvre, tu es perdue cette fois.

Allons ! je veux me faire belle ! On ne m’emportera pas à la Morgue, j’espère, je ne veux pas ! Oh ! cela, je