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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/52

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meilleur parti possible. Il est assez bien fait de sa personne, brun, type énergique, démenti par la pâleur des yeux aux pupilles giratoires, le front trop haut, en saillie, le crâne large et plat, une barbe rude, d’un noir intense, la bouche rouge. Au détail, vulgaire, les pieds trop longs, les mains velues. Toutefois d’aspect agréable, gai, les dents belles, le rire facile, au rythme niais.

Docteur, on l’eût gardé à Paris, car il est pieux, il pratique, et ses vices même auraient trouvé leur emploi. Mais c’est impossible.

Le collège de Vannes a signalé, depuis peu, un poste vacant aux environs de la ville ; on y expédie Jules Maurine.

Il prend pied au presbytère. Le curé est l’habituel confesseur des dames du Parclet ; bientôt le nouveau « docteur » les visite ; l’aïeule est souvent fatiguée, et Sylvère est une belle fille.




Le capitaine Roland du Parclet avait été tué à Sébastopol ; presque en même temps sa femme mourut en donnant le jour à Sylvère.

Ils étaient, tous les deux, de délicats et subtils musiciens ; elle pour l’exécution, lui pour la composition, qu’il avait originale, un peu nébuleuse, ultra-moderne, beaucoup plus intuitive que scientifique. Mais ils se comprenaient et se communiquaient d’ineffables joies d’artistes.

Sylvère, au retour du couvent, avait découvert, parmi les reliques chères que la triste aïeule lui conservait pieusement, un livre qui faisait revivre pour elle l’âme, tout embaumée de poésie, de ses bien-aimés morts. Elle en retrouvait la forme, le parfum, l’idéale puis-