Aller au contenu

Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Cela, par exemple, m’a été bien désagréable. Oh ! sentir cette barbe, cette grosse moustache traîner sur ma joue ! Toute la nuit, ensuite, j’ai frotté ma figure avec un mouchoir, à cet endroit-là ; et je pensais, malgré moi, avec un dégoût, à ces petites limaces qui rampent sur les lis, et dont je les débarrasse, chaque matin, avec tant de hâte et de joie ; car cela doit les faire bien souffrir !

« Et pourtant, je sais, on me l’a dit, il aura le droit de m’embrasser !… Mon Dieu, tout s’arrangera peut-être. Il suffira que je lui demande, que je le prie, en lui avouant ma répugnance, et, pour m’être agréable, il ne m’embrassera plus.

« Une autre chose aussi m’ennuie beaucoup ; cette chambre que l’on prépare là, à côté. J’ai demandé à grand’mère pourquoi elle me faisait quitter ma chambrette de jeune fille ; elle m’a répondu d’un ton sec, oh ! mais sec ! que celle-ci était trop petite pour deux. Pour deux !… Oui, cela doit être le commencement des mystères. Oh ! mais j’arrangerai tout cela avec Jules ! Il m’a promis de faire toutes mes volontés ! Ainsi !

« Laissons passer demain ! Grand’mère en prend vraiment trop à son aise avec mes goûts nullement consultés. C’est comme pour mes robes de nuit, toutes fanfreluchées de vieilles dentelles, lorsqu’elles sont arrivées de la ville et que Jules — il est vrai que c’était indiscret — lui a demandé à les voir : grand’mère a répondu brusquement, car elle brusque à tout propos maintenant : « Vous les verrez bien assez tôt !… » Si c’était une réponse ça !… Je me demande ce qu’il a à voir avec mes robes de nuit ? Grand-mère a l’air de perdre un peu l’esprit en ce moment.

« Il n’y a que moi de calme dans la maison. Et pourtant je suis à la veille du grand mystère ! Jules aussi,