Aller au contenu

Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

diadème, font resplendir son visage, un peu fier, aux traits purs, à l’expression d’une idéale candeur. Elle fait songer involontairement à quelque Iphigénie héroïque dans sa soumission aux dieux. Un vieillard la conduit ; un soldat qui porte sur sa poitrine tremblotante une barre éclatante de médailles et de croix ; c’est un ancien camarade du capitaine du Parclet et qui l’a vu mourir.

Après les filles d’honneur, pensionnaires en robes légères comme des pétales de fleurs, marche péniblement l’aïeule, si jolie sous sa poudre et dans le vieux damas de son antique robe ramagée, conservée et fleurant le doux parfum d’antan.

L’émotion la fait lourde au bras du fiancé.

Celui-ci piétine, manque le pas, heurte les demoiselles d’honneur et s’agite, gauche, bruyant, riant, sa tête de nègre virant en girouette ; il reluit, l’habit, le vernis des hottes et la barbe du même noir dur et lustré, et il se cambre, pincé, joli et mal ganté.

A peine assis, il se retourne de çà, de là et promène sur la foule ses prunelles claires sans cesse remuées. Puis il se penche sur l’épaule de Sylvère, se redresse, croise ses bras, les ouvre et ne s’apaise que lorsque s’approche le prêtre, son étole d’argent au cou.

En haut, se tait le petit harmonium qui, après avoir clamé, de toutes ses forces, dans l’essoufflement hâtif des pédales, une entrée triomphale, s’était mis à chanter mélancoliquement.

Et le prêtre bénit l’union de Sylvère du Parclet avec Jules Maurine.

Pendant la messe une douce voix se fait entendre, dans des strophes angéliques. L’on dirait un chant du ciel, où rien d’humain ne vibre. C’est moins une voix qu’un souffle mélodieux de flûte céleste pendue aux