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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/74

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virilité de plume qui égare ceux qu’elle… rabroue, dès qu’on cesse de la poursuivre sur le terrain littéraire, pour l’attirer dans un chemin plus… tendre.

J’en sais quelque chose, ajouta Guy d’Harssay en riant. Mais cette pudeur est un charme ; je me suis mis à l’aimer et à la respecter de tout mon cœur. Aussi suis-je devenu l’ami, le confident. Et ce que j’en vois couler de belles larmes lorsqu’elle m’arrive, en courant, toute effarouchée de quelque alerte et qu’elle me narre, avec des sanglots, les entreprises de nos polissons de confrères.

J’avoue que je suis un confesseur profane, car je la blâme quelquefois au lieu de la consoler.

— Vous ? s’écria de Meyrac, presque scandalisé.

— Mon cher, ou prenez-vous qu’une femme, une artiste réussisse à quoi que ce soit, dans ce monde, sans y aller de sa peau ? Voyez les actrices…

— Mais Mme du Parclet !…

— Mme du Parclet n’arrivera à aucune position sérieuse, solide, si elle persiste dans son entêtement, voilà la vérité. Cela est triste, sans doute, mais c’est dans nos mœurs. Villeson, à une jeune fille qui faisait des façons pour y passer, et n’avait pas d’autres moyens de gagner sa vie, dit :

— Maintenant, ma fille, — et il l’avait prise cavalièrement, — les chemins sont ouverts, faites votre fortune.

Meyrac, de sa canne, en marchant, tapait nerveusement des coups secs. Puis, après un silence, il cria presque :

— Mais enfin, elle n’a pas besoin de cela, elle réussit.

— Non, répondit nettement d’Harssay, on l’apprécie, ce n’est pas la même chose. Il lui manque la