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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/79

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avant de me décider à cette indiscrétion qui m’a valu l’honneur insigne d’être si cordialement accueilli. Oui, poursuivit Meyrac, répondant à un regard de Sylvère, je vous ai cherchée depuis que je vous ai lue, car, indépendamment du talent de l’écrivain, j’ai senti vibrer, dans tant de pages émues, un cœur si ardent, une âme si visiblement passionnée, et, au fond de tout cela, j’ai découvert une mélancolie si profonde, qu’une attirance irrésistible m’a poussé vers la femme avec un désir sincère de lui être utile, de la servir enfin, de toutes mes forces et de tout mon cœur.

Sylvère avait pâli : un halètement doux soulevait son corsage. Elle demeura un moment les yeux baissés ; enfin elle balbutia :

— C’est la première fois que je reçois une telle marque d’intérêt, et j’en suis touchée.

— Comment, s’écria Meyrac, vos amis !…

— Je n’ai pas, ou du moins j’ai peu, très peu d’amis. Oh ! si peu !…

— Mais, répliqua Meyrac, timidement et la voix plus basse, un seul suffirait à s’occuper de votre bonheur et de votre gloire, si vous aviez daigné en choisir un.

Mme du Parclet s’empourpra subitement, et son regard effaré se dévoila soudain rempli d’une telle angoisse, que Meyrac, pris de pitié et de respect pour cet effarouchement sincère, s’empressa de tourner la conversation vers un sujet moins délicat, et il lui parla de ses travaux.

D’abord, embarrassée et presque confuse d’avoir à répondre aux pressantes questions de Meyrac sur la genèse de sa vocation littéraire, sa façon de travailler, ses tendances, ses projets, elle finit par se laisser do-