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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/88

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— N’ayez point de peine, mon amie, je vous en prie. Je ne vous demande rien, je n’espère rien, je vous aime, voilà tout. Et comme je vous aime beaucoup, voyons, aimez-moi un peu… Bien… je m’en vais. A propos, vous ai-je dit ? Je pars pour Dieppe. M’écrirez-vous quelquefois ?

— Certes ! n’ai-je pas pris l’habitude de me confesser à vous, de vous dire mes ennuis !

— Oui, vos ennuis, je sais, mais rien que cela ! Je ne sais pas tout, sans doute, mais je crains, je devine… Enfin ! que votre volonté soit faite, Sylvère ! Et au revoir ! Vous permettez ?…

Elle allongea, très loin d’elle, ses mains un peu tremblantes et José, les gardant longuement sous sa bouche amoureuse, écouta si la corde effleurée n’allait point vibrer tout à coup. Mais rien qu’une tension nerveuse, angoissée, un raidissement, peut-être volontaire, et qui, de par un ordre intime, donnait à cette douce chair de femme la rigidité du marbre.

Mais des qu’elle fut seule, la tête dans ses mains, elle pleura.




Lili est pensionnaire au couvent des sœurs de Sainte-Marie, à Vannes ; Mme Louise Maurine, que l’on appelle Lili du Parclet, du nom de sa mère. Une entente affectueuse s’est faite, à l’instigation de la jeune supérieure, mère Saint-Louis de Gonzague, pour que l’enfant ne portât pas le nom de Maurine. Et, peu à peu, toutes les sœurs, ainsi que les pensionnaires, ont pris la coutume de dire : Lili du Parclet.

Cela vaudra mieux ainsi, pour plus tard, avait dit la mère de Gonzague, Emmeline, l’ancienne amie de Sylvère, devenue la confidente de ses intimes peines