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Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/148

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les femmes qui tombent

nête, la regardait avec une affectueuse pitié. Il murmura :

— Vous pleurez encore ?

— Je m’en vais, lui dit-elle, ce soir.

Il eut une secousse.

— Allons donc ! C’est le patron ?…

Elle inclina la tête.

— Ah ! le gredin ! Je vous l’avais bien dit ?… Elles y passent toutes. C’est une boîte infecte. Des rouleuses, d’ailleurs. Si elles s’entendaient pour filer quand on leur fait des propositions, les patrons finiraient bien par mettre les pouces et se tenir à leur place. Et où irez-vous, maintenant ? J’aurai du chagrin de ne plus vous voir !

Elle répondit doucement :

— Moi aussi.

Ils se regardèrent une minute sans rien dire, profondément tristes.

Puis il reprit hésitant :

— Si vous ne trouvez pas de place, alors, quoi ?…

— Je ne sais pas, je suis bien malheureuse.

Il la regardait avec une grande inquiétude, les yeux élargis.

— Il ne faut pas vous décourager, voyez-vous, ça tournerait mal.

— Oh ! non, dit-elle respirant fortement, n’ayez pas peur, je ne céderai pas.

Il la supplia du regard.