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Page:Peyrebrune - Victoire la rouge.djvu/124

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victoire la rouge.

blouse bleue qui passait sous le burnous jauni par les pluies, et sa grosse canne en bois noué qui frappait les pierres à la cadence régulière et pressée de sa marche, la Victoire devenait pâle, avec un étranglement qui lui arrêtait le souffle. Malgré ça, elle s’arrangeait pour lui venir au-devant sans qu’on la vît de la maison, et elle lui répétait :

— C’est-il pour aujourd’hui que vous me donnerez quelque chose ?

— Non, pas encore, mademoiselle Victoire. Il n’y a que le journal de madame Maleyrac.

Elle s’efforçait de rire en disant :

— C’est pour demain.

Mais elle s’en allait les jambes cassées.

Un jour, après six semaines d’attente, elle demanda au facteur :

— Combien ça met de temps, une lettre, pour aller à Versailles ?