déjeuner de midi, madame Maleyrac brandissait fiévreusement son journal que M. Maleyrac attendait, ses lunettes sur le nez. Mais elle ne le lâchait pas qu’elle n’eût raconté tout le feuilleton avec des gestes tragiques, et multipliant, pour l’effet, le nombre des victimes ce matin-là égorgées, à la grande peur de Victoire, qui pensait que tout cela était arrivé, puisque c’était écrit, et qui s’en allait en murmurant des :
— Las ! mon Dieu ! Y a-t-il des gens qui valent pas grand’chose !
Enfin, M. Maleyrac attrapait la feuille, et, à son tour, il faisait la lecture des articles politiques.
Jusque-là, Victoire n’y comprenait rien, n’écoutait pas. Maintenant, les mots de soldat, guerre, canon, lui revenaient dans la tête, et elle se disait qu’en s’efforçant de comprendre, elle arriverait peut-être à avoir des nouvelles de son dragon.