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Page:Peyrebrune - Victoire la rouge.djvu/188

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victoire la rouge.

pas seule sur la route, loin du bourg où maintenant les cloches sonnaient. Un carillon joyeux appelait à l’église les fillettes toutes blanches et coiffées d’aubépine, qui devaient escorter la Vierge en sa procession triomphante.

Cela tirait le cœur à Victoire, qui aimait à voir passer dans sa gloire, droite et pure, rayonnante et encensée, la Vierge Marie portant un enfant dans ses bras. Dans son pauvre cerveau sans pensée, cette vision mettait un charme, un apaisement et comme une indéfinissable consolation.

Elle ralentit son pas, regardant derrière elle avec un regret poignant de tous ces bonheurs subitement perdus. Où irait-elle à présent que le bruit de son infamie allait se répandre par toutes les communes environnantes ? Elle pensait à cela sans révolte, mais avec les peurs farouches d’une bête traquée, sans cesse débusquée de son gîte.