Aller au contenu

Page:Peyrebrune - Victoire la rouge.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
victoire la rouge.

Et elle pensait aussi au premier avec ce même serrement de cœur et cet amour de lui qu’elle avait toujours eu. Même celui qu’elle portait en ce moment lui donnait une angoisse. Elle ne le verrait pas, il ne viendrait pas au monde. Et c’était tant mieux pour lui, puisque aussi bien il serait bâtard comme elle, c’est-à-dire maudit.

Elle remuait ces idées dans sa tête avec tous ses souvenirs, même les plus lointains. Elle regardait sa vie, en bas, derrière elle, toute, d’un seul coup d’œil, de cette hauteur où elle était maintenant parvenue, comme au terme d’un dur voyage, et n’ayant plus qu’un pas à faire pour entrer dans l’éternité bienheureuse, par cette porte blanche de l’horizon qui allait tout à coup s’ouvrir, là-haut.

La lune passait maintenant sur la sapinière, traînant sa clarté d’argent dans les allées que formait la colonnade régulière des pins avec leurs chapiteaux de palmes élancées,