Les environs de Brown’s-Valley, comme les rives du Yuba, sont boisés et montagneux. Mais les forêts sont très-clair-semées ; tous les quarante ou soixante pas on trouve un arbre ; la plupart sont des chênes. Il n’y a ni buissons ni lianes : le sol n’est formé que de sable et de cailloux.
Au bout de quelques jours, je quittai cette contrée et je retournai à Mary’s-Ville. La température y est beaucoup plus élevée qu’à San-Francisco et dans ses environs, quoiqu’on ne soit guère plus au sud. J’eus encore une fois le malheur d’être prise de ma fièvre de Sumatra.
À Mary’s-Ville je trouvai un compatriote, un Viennois, M. Rogler. Notre joie réciproque de pouvoir parler de notre chère patrie fut si grande, que l’excellent homme me donna toute une journée et m’accompagna dans tous les endroits où il y avait quelque chose à voir.
Ce qui m’intéressa surtout, ce furent les indigènes, qui sont encore de purs Indiens, et qui se sont préservés de tout mélange avec le sang espagnol. Ces sauvages, comme on les appelle, diminuent d’année en année, et sont évincés par les blancs cruels. Il y a quelques années, plus de soixante familles vivaient encore à Mary’s-Ville : elles sont réduites maintenant à une vingtaine[1].
Je trouvai ces Indiens beaucoup plus laids encore que les Malais. Ils sont petits et trapus. Ils ont le cou très-court et la tête massive. Leur front est déprimé, leur nez aplati, leurs narines larges, leurs yeux petits, étroits et sais intelligence. Leurs cheveux courts et épais, hérissés autour de leur tête, forment comme un bonnet fourré ; bruns de couleur, ils ont souvent sur une même tête diverses nuances claires et foncées. Les sauvages les soi-
- ↑ Près de la farm du général Sutter, vivaient, il y a trois ans, comme il me le raconta lui-même, plus de deux cents indigènes, dans un grand wig-wam (village) ; maintenant ils sont réduits à une trentaine.