CHAPITRE III.
Le 24 mai au soir, je me rendis à bord du vaisseau
Allanadale, de 300 tonneaux, commandé par le capitaine
Brodie.
À ma grande surprise, je ne trouvai à bord que le capitaine, qui me dit qu’il avait permis à tout l’équipage, jusqu’aux mousses, de passer cette nuit à terre, et qu’il allait quitter lui-même le vaisseau. J’aurais pu en faire autant, mais comme je demeurais à quelques milles de Londres, je craignis de m’attarder le lendemain. Je m’enfermai dans ma cabine, et je fus pour cette nuit maîtresse absolue du navire.
Le lendemain, un vapeur nous remorqua jusqu’à Gravesend (à 20 milles de Londres), à l’embouchure de la Tamise, dont le cours, cependant, se prolonge encore cinquante-huit milles plus loin, jusqu’à North-Foreland. Nous fûmes forcés de passer deux jours à Gravesend, parce que deux matelots, que le capitaine avait enrôlés et qui devaient venir là à bord, ne paraissaient pas. Le capitaine se vit obligé de retourner à Londres et d’enrôler d’autres hommes. Ce n’est que le 27 que nous levâmes l’ancre.
Le passage du canal fut défavorable ; nous eûmes peu de vent, et pendant les trois premiers jours nous fûmes forcés de rester presque toujours à l’ancre. Le 30, un