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autour du monde.

bre des boucheries, il faut croire que le peuple mange souvent de la viande. Ce qui m’étonna, ce fut de voir dans ces boucheries, au lieu d’hommes, les femmes manier les gros quartiers de bœuf, couper la viande et servir les chalands. La volaille se vend comme en Italie, non-seulement en entier, mais aussi par moitié et par quart.

La vie est chère à Lima ; on peut évaluer que la dépense d’un ménage qui, en Allemagne, est de 1 500 écus, monte ici à 4 000. Dans chaque maison aisée il y a un mayordomo (majordome) qui a sous sa direction l’argenterie, le linge ainsi que les domestiques, et qui fait l’achat des provisions.

On ne se fait pas d’idée de la quantité de glace qu’on y consomme. On en emploie par jour pour environ mille dollars. Elle est apportée de l’Amérique du Nord et revient par cette voie moins cher que si on l’apportait à dos de mulets des Cordillières. On ne fait pas seulement usage de glace avec de l’eau ou du vin ; mais on prépare encore des fromages et des fruits glacés : aussi les boutiques des glaciers sont-elles animées dès le grand matin. On peut y trouver assis tranquillement à côté l’un de l’autre la laitière, la fruitière, la bouchère, le cuisinier et le majordome. Les glaces sont généralement mal préparées, peu fermes et d’un goût fade et peu délicat.

Le peuple ici, comme à Acapulco, à Callao et dans tous les autres États de l’Amérique espagnole du Sud, est formé d’un tel mélange et d’un tel croisement de sang indien, européen et africain, qu’il est impossible de rien trouver de semblable dans aucune autre partie du monde. Parmi la classe riche, c’est-à-dire les créoles et les anciens Espagnols, il y a de très belles filles et de très belles femmes[1].

  1. Tous ceux qui par leur teint se rapprochent tant soit peu des