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Page:Pfeiffer - Mon second voyage autour du monde, 1857.djvu/49

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bœufs. La voiture est disposée comme une maison, car elle sert à la fois de demeure et de gîte pour la nuit. En même temps, on loue un voiturier, un conducteur de bœufs et un serviteur, et on est obligé d’emporter avec soi des vivres et souvent même de l’eau. On a beaucoup de désagréments avec les bœufs. On passe par des contrées où il y a des essaims de petits moucherons, dont la piqûre donne souvent la mort à ces animaux ; dans d’autres endroits, on manque d’eau, et les bêtes tombent de soif, ou bien l’eau croupie qu’elles boivent les rend malades et impropres au service, de sorte qu’il faut constamment ou acheter d’autres bœufs, ou échanger les bœufs malades. Plus on s’éloigne de la ville, plus cela devient dispendieux : car les bœufs sont plus rares dans l’intérieur du pays. À la fin, les chemins deviennent impraticables, et il faut abandonner la voiture et les bœufs pour acheter des chevaux.

Les difficultés que je viens d’énumérer m’ayant forcée d’abandonner ce voyage, je jetai mes regards sur l’Australie. Mais pour y aller du Cap, on manque aussi d’occasions.

Un brick de Brème, la Louise-Frédérique, ayant pour capitaine Nienhaber, était dans le port, prêt à partir pour Singapore. Je ne fis pas de longues réflexions. Une fois arrivé à Singapore, on trouve des navires pour toutes les régions du monde. Grâce à l’intervention de M. Haase, employé anglais, le trajet ne me coûta presque rien. Le capitaine ne me compta que les frais de nourriture, et il les mit à un si bas prix que, pour toute une traversée de 8 000 lieues marines, je n’eus à payer que 3 livres sterling.

Le 25 septembre, nous mîmes à la voile. Des vents favorables nous transportèrent en quarante jours jusqu’à l’entrée du détroit de Sunda. La rapidité de ce trajet rendit la monotonie de la mer un peu plus supportable ; car nous ne rencontrâmes point de navires, et nous ne découvrîmes pas la moindre terre. Il en fut tout autrement