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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/23

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était alors assez âgée, et grande fut ma joie de faire sa connaissance. Avec une amabilité pleine de grâce, elle me communiqua les observations qu’elle avait faites, et me donna pour mon voyage des conseils dont j’appréciai plus tard l’utilité.

Le 12 mai j’arrivai à Hambourg, et le 13 j’aurais eu l’occasion de m’embarquer sur un brick magnifique et très-fin voilier, qui de plus s’appelait Ida comme moi. Mon cœur se serra quand je vis partir ce beau bâtiment ; j’étais obligée de rester, puisque j’avais promis à mon compagnon de voyage de l’attendre. Semaines sur semaines se passèrent, et la présence seule de mes parents put abréger pour moi le temps de l’attente. Enfin au milieu de juin le comte de Berchthold arriva, et bientôt après nous trouvâmes un vaisseau, un brick danois appelé Caroline, et commandé par le capitaine Bock, qui mettait à la voile pour Rio-de-Janeiro.

J’avais devant moi une longue traversée, qui ne pouvait durer moins de deux mois et qui peut-être en prendrait trois ou quatre. Heureusement j’avais déjà fait dans mes précédents voyages des traversées assez longues sur des bâtiments à voiles, et j’étais familiarisée avec leur organisation, qui diffère entièrement de celle des bateaux à vapeur.

Sur un bateau à vapeur, on rencontre à la fois le luxe et la commodité ; le trajet se fait rapidement par tous les temps, et le voyageur trouve une nourriture fraîche et excellente, une large cajute et une société agréable.

Il en est tout autrement sur les vaisseaux à voiles, qui, à l’exception des grands bâtiments de transport des Indes orientales, sont rarement disposés pour recevoir des voyageurs. On regarde les marchandises comme la chose principale, et les passagers ne sont qu’un accessoire embarrassant qui augmente le personnel du navire ; aussi a-t-on pour eux généralement peu d’égards. Le capitaine est le seul qui s’intéresse à eux, parce qu’il reçoit le tiers, et souvent même la moitié du prix du passage.