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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/29

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jouissions d’un beau soleil ; aujourd’hui nous sommes enveloppés d’un brouillard épais et sombre. Cependant le mauvais temps d’aujourd’hui nous fut plus agréable que le beau temps de la veille : il s’éleva un peu de vent, et à neuf heures du matin nous entendîmes hisser les ancres.

Nos jeunes gens furent obligés de renoncer à la partie du bosquet, et de ne plus songer à danser avec de jolies filles qu’à leur arrivée dans le Nouveau-Monde : car nous ne devions plus débarquer sur aucun rivage d’Europe.

Le passage de l’Elbe dans la mer du Nord est presque insensible. L’Elbe, en effet, n’a qu’un seul bras, et à son embouchure sa largeur est de 8 à 10 milles. Il forme comme une petite mer, et ses eaux ont déjà une couleur verte. Aussi fûmes-nous très-surpris quand le capitaine nous cria joyeusement : « Nous voilà enfin sortis du fleuve. » Nous croyions déjà être en mer depuis longtemps.

À midi nous aperçûmes l’île d’Helgoland (île anglaise), qui s’élève au-dessus des flots d’une façon véritablement magique. C’est un rocher nu et colossal ; et, si je n’avais pas lu dans les géographies les plus nouvelles qu’elle a une population de 2 500 âmes, je l’aurais crue entièrement inhabitée. De trois côtés les flancs du rocher s’élèvent tellement à pic au-dessus de la mer, qu’on ne peut pas y aborder.

Nous passâmes à une assez grande distance et nous ne pûmes distinguer que l’église, le phare et ce qu’on appelle le Moine : c’est un rocher isolé et perpendiculaire, qui est séparé de la masse principale et laisse entre elle et lui une bande brillante qui ressemble à un étroit canal.

Les habitants sont très-pauvres. Leurs seules ressources sont la pêche et les baigneurs, dont il vient chaque