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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/35

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vue de petites bandes de poissons volants ; ils s’élevaient quelquefois si près du pont que nous pouvions les considérer tout à notre aise. Ils ont à peu près la grosseur et la couleur des harengs ; mais leurs nageoires latérales sont plus longues et plus larges, et ils peuvent les ouvrir et les fermer comme de petites ailes. Ils s’élèvent de trois à quatre mètres au-dessus de l’eau, et font souvent en volant un trajet de trente mètres environ, puis ils plongent sous l’eau pour reparaître quelque temps après ; c’est surtout lorsqu’ils sont poursuivis par des bonitons ou d’autres ennemis, qu’on leur voit prendre leur vol. À une certaine distance du vaisseau, on serait tenté de les prendre pour de gracieux habitants de l’air. Nous vîmes très-souvent des bonitons s’élancer contre les poissons ailés au moment où ils allaient s’élever au-dessus de l’eau ; mais alors on apercevait rarement autre chose que leur tête.

Il est très-difficile d’attraper un de ces poissons volants, car ils ne se laissent prendre ni dans les filets ni à la ligne ; quelquefois seulement, pendant la nuit, le vent en pousse quelques-uns sur le pont ou dans les porte-haubans[1], où on les trouve morts le lendemain matin, parce que dans les endroits secs ils n’ont pas la force de s’enlever. C’est ainsi que je pus avoir quelques individus.

Aujourd’hui 15 août, nous eûmes un spectacle très-intéressant : nous nous trouvâmes juste à midi au zénith du soleil, dont les rayons tombaient si perpendiculairement qu’aucun objet ne donnait la moindre ombre. Nous mîmes au soleil des livres, des chaises, nous nous y plaçâmes nous-mêmes, et nous prîmes infiniment de plaisir à considérer cet effet extraordinaire. Grâces soient rendues à l’heureux hasard qui nous conduisit au bon moment au bon endroit ! si nous nous étions trouvés à la même

  1. On donne le nom de porte-haubans à une galerie extérieure où viennent s’amarrer les cordages qui partent du sommet des mâts.