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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/45

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passe-ports et les lettres cachetées, puis celles du médecin qui vint s’assurer que nous n’apportions pas la peste ou la fièvre jaune ; enfin arriva un second officier auquel on remit les caisses et les paquets, et qui nous assigna la place où nous devions jeter l’ancre.

Comme il était trop tard pour nous débarquer, le capitaine alla seul à terre. Nous autres nous restâmes sur le pont et nous contemplâmes longtemps encore le superbe panorama, jusqu’à ce que la nuit couvrît de ses ombres épaisses et la mer et la terre.

Nous allâmes tous gaiement nous coucher : nous avions atteint, sans trop de traverses, le but si ardemment désiré de notre long voyage. Seulement une cruelle nouvelle attendait la femme du tailleur. Le bon capitaine la lui laissait encore ignorer, pour qu’elle pût goûter tranquillement le repos de la nuit. Quand le tailleur avait été positivement informé que sa femme était en route pour le rejoindre, il était parti avec une négresse, sans rien laisser que des dettes.

La pauvre femme avait abandonné une position assurée (elle était blanchisseuse de dentelles et de robes) ; elle avait sacrifié ses économies pour payer le voyage, et maintenant elle se trouvait sans secours dans un pays étranger[1].

De Hambourg à Rio-de-Janeiro il y a environ 7 500 milles marins.

  1. Quelques jours après son arrivée, la respectable famille Lallemand la prit chez elle.