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FABLES DE PHÈDRE.
Hoc mersum limo cum jaceret diutius,
Forte una tacite profert e stagno caput

Et explorato rege cunctas evocat.
Illæ timore posito certatim adnatant
Lignumque supera turba petulans insilit.

Quod cum inquinassent omni contumelia,
Alium rogantes regem misere ad Jovem,
Inutilis quoniam esset qui fuerat datus.
Tum misit illis hydrum, qui dente aspero

Corripere coepit singulas. Frustra necem
Fugitant inertes, vocem præcludit metus.
Furtim igitur dant Mercurio mandata ad Jovem

Afflictis ut succurrat. Tunc contra deus :
« Quia noluistis vestrum ferre » inquit « bonum,

Malum perferte. » « Vos quoque, o cives », ait

« Hoc sustinete, majus ne veniat, malum. »


craintive. Plongé dans la vase, il restait sans bouger depuis long¬
temps, quand par hasard une des grenouilles lève en silence la
 tête hors de l’eau et, après avoir examiné le roi, appelle toutes
 ses compagnes. Bannissant leur effroi, toutes à l’envi arrivent en
 nageant, et sur le soliveau leur troupe saute brutalement. Quand
 elles l’eurent couvert de toute espèce d’outrages, elles envoyèrent
 des ambassadrices à Jupiter pour lui demander un autre roi, 
alléguant la nullité de celui qui leur avait été donné. 11 leur
 envoya alors une hydre qui, d’une dent cruelle, se mit à les 
happer les unes après les autres. En vain, tour à tour fuient-elles
 la mort passivement, la crainte étouffe leurs cris. Elles chargent 
donc en cachette Mercure de prier Jupiter de les secourir dans
 leur détresse ; mais alors le dieu : « Puisque vous n’avez pas
 voulu, leur dit-il, supporter votre bonheur, résignez-vous jusqu’au 
bout à votre malheur. » — Et vous aussi, citoyens, ajouta Ésope,
supportez le malheur présent, de peur qu’un plus grand ne vous 
arrive.