FABLES DE PHÈDRE.
4.— LE CHOUCAS PARÉ DES PLUMES DU PAON.
Ne gloriari libeat alienis bonis,
Suoque ut potius habitu vitam degere,
Æsopus nobis hoc exemplum prodidit.
Tumens inani gragulus superbia
Pennas pavoni quae deciderant sustulit
Seque exornavit. Exin contemnens suos
Immiscet se pavonum formoso gregi.
Illi impudenti pennas eripiunt avi
Fugantque rostris. Male mulcatus gragulus
Redire mærens coepit ad proprium genus ;
A quis repulsus tristem sustinuit notam.
Tum quidam ex illis quos prius despexerat :
« Contentus nostris si fuisses sedibus
Et quod natura dederat voluisses pati,
Nec illam expertus esses contumeliam,
Nec hanc repulsam tua sentiret calamitas. »
4.— LE CHOUCAS PARÉ DES PLUMES DU PAON.
Pour nous apprendre à ne pas nous glorifier des avantages
d’autrui, mais plutôt à garder toute notre vie notre façon d’être
naturelle, Ésope nous a laissé cet exemple :
Bouffi d’un vain orgueil, un choucas ramassa les plumes qu’un
paon avait perdues, et s’en lit une parure complète. Dès lors, mé¬
prisant ses frères, il va se mêler à la troupe brillante des paons.
Ceux-ci déplument l’impudent oiseau et le chassent à coups de
bec. Ainsi maltraité le choucas tout chagrin entreprit de revenir
chez les siens ; mais ils le repoussèrent, lui infligeant ainsi une
funeste flétrissure. Alors un de ceux qu’il avait d’abord mépri¬
sés : « Si, lui dit-il, tu t’étais contenté de nos demeures, et si tu
avais accepté avec résignation ce que la nature t’avait donné, tu
n’aurais point essuyé un premier affront, et maintenant tu ne te
verrais pas repoussé par nous dans ton malheur."